Desperate moms

Avoir la jambe immobilisee a une chose de bon. Je suis enfin disponible pour discuter avec mes voisines. Oui, d'habitude je n'ai pas le temps - quelle diplomatie ! - de badiner, toujours un truc a faire, et elles ont un peu de mal a me saisir.
Donc elles savent que je suis chez moi et que je ne peux pas bouger. Alors elles viennent me tenir compagnie. Attention n'y voyez aucune perfidie de ma part : j'en suis heureuse car elles sont tres sympathiques et interessantes. C'est L, A, et B.
L travaille dans une ecole Montessori, adore discuter avec moi, adore mon mari, mes enfants, mon chien, mon chat, mes fringues, a une fille de 14 ans qui ne dit jamais bonjour, est trois fois divorcee, est souvent fatiguee et a vote Obama.
A est coiffeuse, rigolote, a eu un boy-friend francais, a eu deux maris, deux enfants, un petit-enfant alors qu'elle est plus jeune que moi, son fils est le meilleur ami du mien, et a un mari de la Nouvelle-Orleans qui joue vachement bien de la guitare.
B travaille depuis chez elle, est la mere de deux garcons du meme age que les miens, elle a des kilos a perdre mais elle n'aime pas le velo, son mari travaille chez Home depot, mais ne sais pas monter des meubles Ikea, et c'est bien dommage car elle adore notre cuisine.

Voila comme ca vous en savez autant que moi. Il est a noter que la dame americaine raconte l'essentiel de sa vie super vite. Je suis tres etonnee de ca. Nous sommes au courant de chose en allant jusqu'a la boite aux lettres, que normallement on sait par petites touches en France. On ne se devoile pas si vite.
J'etais abasourdie d'entendre lors de notre brunch, une de nos invite dire a son fils de 35 ans qu'il ne doit pas oublier sa reunion des Alcooliques Anonymes.
Il y a une sorte de transparence des relations, tout le monde doit savoir tout de la vie de chacun. Pas de rideaux, ni de volets, ni de cadavres dans le placard...

Alors ce matin, L, A, et B se sont retrouvees "par hasard" chez moi. Elles habitent le quartier depuis plus de 10 ans et donc se connaissent fort bien.
Apres les hugs d'usage, les cafes servis et les embrassades au chien, nous papotons autour de ma jambe.
Tres vite la conversation vient sur le fait que la maison est tres bien tenue, alors que je ne peux pas bouger. Ah ca va foutre la merde... c'est Seb qui fait tout. Euh il a un frere ????? NON, et c'est le mien suis pas preteuse.

Et toutes ces dames racontent leur mariage. Menage, courses, enfants, un voire deux boulots en cette periode difficile... bref le quotidien de la menagere de moins de 50 ans. Et elles racontent combien il est difficile de tenir un couple. Elles ont eu plusieurs mariages et pour L trois divorces et deux boyfriends qui sont partis.
Et moi ? combien de mari ai-je eu ? - euh un seul.
Ah ? Echange de regards etonnes, et depuis combien de temps sommes nous ensembles ? - presque 20ans que nous sommes amoureux et 11 que nous sommes maries... Rapide calcul, mais pendant 9 ans ????? - Ben on vivait ensemble, sans etre maries. Et oui les europeens ca vit dans le peche !
Mais comment je fais ? Pourquoi les francais sont'ils si romantiques ? quel est le secret de la longevite de mon mariage ? Ouh la la ... je vais sur une pente dangereuse. Je reflechis et lance un truc bateau : nous faisons des compromis, mais surtout nous nous acceptons tels que nous sommes. Avec nos defauts et nos qualites...
Ouahhhhhhhhh

B demande a A si sa fille ( qui a eut un bebe a 17 ans - gros gros scandale ! ) reprend son traitement. Oh m'emeu-je... elle est malade ? Non mais elle prends un traitement calmant depuis son enfance pour ne pas s'engueuler avec sa mere.

Croque aurait danse la lambada avec Panda que ca m'aurai pas fait plus d'effet.

Et devant mon etonnement B et L me disent que leurs enfants aussi en prennent. Pas les miens ?
Non.
Mais c'est parce que nous sommes tres severes. Et L me dit que c'est normal, que pratiquement tous les enfants en prennent parce que lorsqu'ils deviennent difficiles on leur donne des medocs, ca les calme.
Et ces medicaments c'est quoi ? Des anti-depresseurs et des anxiolitiques.

Ah oui le genre de truc anodin quoi. Le genre de truc dont on ne devient pas dependant.

Et L de m'expliquer que le matin sa fille fait des crises pour aller en classe, et que donc elle ne l'amene que vers midi, afin de negocier avec elle. Tous les jours ????? oui. Mais son traitement avait diminue alors il va devoir re-augmenter.
A explique que sa fille, 18 ans et mere de famille, va le reprendre car elle est de plus en plus agressive.
B se tourne vers moi et dit que fort heureusement on n'aura pas ce genre de probleme avant deux ans, nos cadets etant encore "gerables". Mais pour l'aine ca commence...

Ce qu'elles ne savent pas c'est que nous nous avons un autre medicament pour ce genre de trouble.
Ca s'appelle l'education. C'est long, c'est fatiguant, ca demande de l'energie, de la patience...
C'est quelque chose que l'on ne peut pas faire si on a deux boulots chacun, qu'on fait 70 heures par semaine, qu'on vit dans une societe qui valorise la reussite individuelle, l'apparence, le materiel.
On ne peut pas le faire si on est a bout de force le soir. Si on est dans un modele qui vous culpabilise, ou la course et la possession sont les maitres mots.

Bref il faut du temps pour sa famille et pour soi !

Chose que ces desperate moms n'ont pas.

Bises a demain - Nath

Je vous mets les deux car je ne sais lequel choisir.




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