I screw up
Je me suis plantee...
Aujourd'hui c'etait mon dernier jour de boulot. Au bout de 6 mois, j'ai compris que la pratique du social aux states est compliquee lorsque l'on appartient pas a cette societe, et que l'on a du mal avec certains de ses fondements, bref que l'on est une immigree.
Je dois me rendre a l'evidence que mon metier est grandement "sociomatique"(si vous me permettez ce neologisme)
Neanmoins j'ai tellement appris. Ces 6 mois m'ont fait progresser de 10 ans dans ma pratique professionelle. Je suis partie de "je comprends ce que tu vis" pour arriver a "je ressens ce que tu vis".
Ne me considerant pas comme "expatriee" mais comme "immigree", je serai o combien plus tolerante. Une chose est sure, la pratique dans sa chair et dans ses tripes apprennent bien plus que toutes les etudes.
Je ne pars pas sur un coup de tete, ni sur un echec. Mes collegues et moi avions les larmes aux yeux lorsque nous nous dimes au revoir.
Je ne suis d'ailleurs pas la seule a partir, Norma ne reviendra pas apres son bebe, et les nurses praticioners, qui officiaient, vont etre remerciees. Ce n'est pas a cause de la crise ( les patients reviennent, et encore plus nombreux car souvent n'ayant plus d'assurance de sante), mais a cause de cette putain de loi qui est passee et qui reduit le champs d'action de PPAZ.
Pour les informations, nous devons apprendre des phrases par coeur, pour etre sures de ne pas dire des paroles "unapropriates".
Celles qui font des soins ont encore un role, mais depuis que j'ai aide a ecrire une charte interculturelle mon champ d'action est largement reduit.
Et puis...
Cet ete, une aventure m'a marquee et pour la premiere fois de ma vie professionnelle j'ai eu honte de moi.
Une jeune-fille vient faire un test de grossesse, negatif par bonheur. Je discute avec elle, pour savoir s'il ne s'agit pas d'un viol ou d'un quelconque abus. Non juste de deux jeunes ados qui ont fait touche pipi un peu trop loin. Je lui parle contraception, maladies, importance de se faire suivre. Elle accepte de voir un medecin, mais ne veux pas que ses parents soient au courant, elle a 13 ans.
Je demande a mes collegues si on peut la mettre sur le programme de funding, afin qu'elle n'ai pas a le dire a ses parents.
Mes collegues et ma manager me disent : tu dois la denoncer a la police.
La loi d'Arizona impose en effet que toute personne mineure, sexuellement active doivent etre "reported" (denoncee, reportee comme vous preferez), a la police afin que celle-ci previennent les parents ou tuteurs legaux. Pire elle impose que l'on ne puisse pas les prevenir a l'avance.
Lorsque j'ai offert de partir, pour ne pas avoir a le faire, d'endosser personellement la responsabilite, on m'a dit : non c'est trop tard, nous sommes tous au courant maintenant...
Je n'oublierai jamais le regard de cette pauvre gamine, ni ses mots : "je te faisais confiance, tu m'as trahie."
Alors je ne continue pas "le social" en Arizona. Cet etat est extremement conservateur et ce qui me fais bondir c'est que les 3/4 de ses lois sont totalement ignorees de ses habitants. Toutes les personnes a qui je le raconte tombent de haut... et sont absourdies.
Je fus naive, j'en suis consciente...
Mais apres tout ce sont ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas.
Bon week-end a tous, des Lundi je suis back on the job market ! Et avec 10% de taux de chomage c'est pas gagne ! Haut les coeurs...
Bises de Nathauchomdu...
Aujourd'hui c'etait mon dernier jour de boulot. Au bout de 6 mois, j'ai compris que la pratique du social aux states est compliquee lorsque l'on appartient pas a cette societe, et que l'on a du mal avec certains de ses fondements, bref que l'on est une immigree.
Je dois me rendre a l'evidence que mon metier est grandement "sociomatique"(si vous me permettez ce neologisme)
Neanmoins j'ai tellement appris. Ces 6 mois m'ont fait progresser de 10 ans dans ma pratique professionelle. Je suis partie de "je comprends ce que tu vis" pour arriver a "je ressens ce que tu vis".
Ne me considerant pas comme "expatriee" mais comme "immigree", je serai o combien plus tolerante. Une chose est sure, la pratique dans sa chair et dans ses tripes apprennent bien plus que toutes les etudes.
Je ne pars pas sur un coup de tete, ni sur un echec. Mes collegues et moi avions les larmes aux yeux lorsque nous nous dimes au revoir.
Je ne suis d'ailleurs pas la seule a partir, Norma ne reviendra pas apres son bebe, et les nurses praticioners, qui officiaient, vont etre remerciees. Ce n'est pas a cause de la crise ( les patients reviennent, et encore plus nombreux car souvent n'ayant plus d'assurance de sante), mais a cause de cette putain de loi qui est passee et qui reduit le champs d'action de PPAZ.
Pour les informations, nous devons apprendre des phrases par coeur, pour etre sures de ne pas dire des paroles "unapropriates".
Celles qui font des soins ont encore un role, mais depuis que j'ai aide a ecrire une charte interculturelle mon champ d'action est largement reduit.
Et puis...
Cet ete, une aventure m'a marquee et pour la premiere fois de ma vie professionnelle j'ai eu honte de moi.
Une jeune-fille vient faire un test de grossesse, negatif par bonheur. Je discute avec elle, pour savoir s'il ne s'agit pas d'un viol ou d'un quelconque abus. Non juste de deux jeunes ados qui ont fait touche pipi un peu trop loin. Je lui parle contraception, maladies, importance de se faire suivre. Elle accepte de voir un medecin, mais ne veux pas que ses parents soient au courant, elle a 13 ans.
Je demande a mes collegues si on peut la mettre sur le programme de funding, afin qu'elle n'ai pas a le dire a ses parents.
Mes collegues et ma manager me disent : tu dois la denoncer a la police.
La loi d'Arizona impose en effet que toute personne mineure, sexuellement active doivent etre "reported" (denoncee, reportee comme vous preferez), a la police afin que celle-ci previennent les parents ou tuteurs legaux. Pire elle impose que l'on ne puisse pas les prevenir a l'avance.
Lorsque j'ai offert de partir, pour ne pas avoir a le faire, d'endosser personellement la responsabilite, on m'a dit : non c'est trop tard, nous sommes tous au courant maintenant...
Je n'oublierai jamais le regard de cette pauvre gamine, ni ses mots : "je te faisais confiance, tu m'as trahie."
Alors je ne continue pas "le social" en Arizona. Cet etat est extremement conservateur et ce qui me fais bondir c'est que les 3/4 de ses lois sont totalement ignorees de ses habitants. Toutes les personnes a qui je le raconte tombent de haut... et sont absourdies.
Je fus naive, j'en suis consciente...
Mais apres tout ce sont ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas.
Bon week-end a tous, des Lundi je suis back on the job market ! Et avec 10% de taux de chomage c'est pas gagne ! Haut les coeurs...
Bises de Nathauchomdu...