Changement de ton !
Et une rubrique différente dans ce blog. Elle sera consacrée à l’écriture,
l’apprentissage de ce que signifie être un auteur, et la publication de textes imaginaires,
de mon cru. Écrire seulement sur Barcelone et ma vie ne représente plus ce que
je suis désormais. Je vous parlerai de mes coups de cœur, de mes découvertes et
de ce que je ressens alors que j’apprends à écrire au long cours.
C’est en général une sacrée claque lorsqu’on découvre ce que veut dire :
écrire un livre. Je ne parle pas du métier d’écrivain, c’est encore une autre
histoire, une autre vision de soi… et je n’en suis pas encore là, si j’y arrive
un jour.
J’aime écrire depuis l’enfance, mais la vie faite qu’on a toujours quelque
chose de mieux à accomplir. Et puis, je dois bien reconnaître que pour un
français, l’écriture c’est être : Victor Hugo, ou rien ! Au contraire de
la culture américaine applaudissant au fait d’avoir essayé !
C’est grâce à cette belle expérience à Phoenix, et surtout à ce blog, que j’ai
réussi à écrire, et accepter de me faire lire. Car c'est bien la difficulté, me
concernant. Comment accepter le regard d’un autre sur un acte aussi intime et
donnant tant à voir de soi ? La violence perçue d’un commentaire, bien souvent
anodin, plongeant l’auteur dans des abîmes de sentiments
contradictoires.
Régulièrement je regarde des émissions de critiques littéraires. Je suis
interloquée, d’entendre, des personnes porter aux nues, ou vilipender des
ouvrages. De voir des écrivains patentés, connaissant les affres de la création,
et la violence de l’accouchement d’une œuvre, quelle qu’elle soit, déclarer que
tel ou tel est digne ou indigne.
C’est ce qui empêche beaucoup de gens de se révéler et de réaliser des
projets qui leur tient à cœur. On appelle ça l’auto-empêchement. Très bon
article à lire ici.
Et puis braver ce qui est l’ennemi numéro un de tous les créatifs qui n’accèdent
que tard à leur aspiration profonde : le syndrome de l’imposteur, ou de l’autodidacte.
Je n’ai pas la bonne formation, je ne viens pas du bon milieu, je suis
illégitime pour réaliser, quelque chose, à laquelle, je n'ai pas été destinée !
Les découvreurs de ce mécanisme psychologique préfèrent parler d’expérience. Je
suis d’accord. Nous avons, je pense, tous expérimenté ce sentiment, un jour ou
l’autre.
Cette impression d’usurper une place qui n’est pas la sienne prend toute
son ampleur. Désormais Internet et les réseaux sociaux ont provoqué un
sentiment de délégitimation des artistes reconnus, en donnant la parole, et une
exposition, à ceux qui n’auraient jamais eu accès au public.
Comme tout le monde, je serai soumise à cette critique. Écrire pour moi c’est
accepter d’être lu. Car dès lors que l’on publie un texte (ou montre une toile,
une sculpture ou toute œuvre artistique), il faut accepter de lâcher, une part
de soi, ô combien intime, pour la laisser vivre sa vie.
Ce choix je ne l’ai pas fait il y a 10 ans. Je le fais (en ayant très
peur) aujourd’hui.