De père en fils...

Crédit Photo Pixabay

Je sais que je ne blogue plus de manière bien régulière, j’ai la plume ailleurs…
Toutefois, cet après-midi le facteur m’apporte un recommandé. Cela vient des impôts et sur l’entête, il y a les armoiries d’Espagne, adoptées en 1981, après la transition démocratique. On y voit les blasons séculaires de Navarre, de Castille, de Leon, de Aragon et Grenade, ainsi que les armes de la famille royale : Les Bourbon-Anjou. C’est le même blason qui est sur le drapeau espagnol.
J’ouvre la lettre, et lis que je suis dorénavant affiliée au régime fiscal d’Espagne, et ce, par « Décret royal ». Et c’est ce dernier mot qui me saute aux yeux.
Je n’avais pas pris la mesure que je vivais, désormais, dans une monarchie !
Je savais que l’Espagne avait un roi, avec une couronne, une reine, un sceptre, un trône et tous ces attributs qui me paraissent tellement surannés… Mais voir écrit « Décret royal » me fait un choc.
L’Europe est encore tellement pétrie de traditions que l’on considère souvent que la Reine d’Angleterre ou le roi des Belges, est là pour le folklore, que, ma foi, ça participe au commerce extérieur, rapporte des devises à la nation, et offre du conte de fées (le glamour), dans une époque bien sombre.
En fait, il en est bien autre chose en Espagne.
La royauté a été rétablie à la mort de Franco en 1978, par l’accession au trône de Juan-Carlos 1er. Il s’est marié à une princesse de Grèce et a eu 3 enfants, dont le roi actuel Felipe IV. Vous me suivez ?
Celui-ci a épousé une roturière, divorcée, journaliste, et célèbre présentatrice du journal télévisé espagnol, Laetizia Ortiz. Ils ont eu deux filles, l’héritière Leonor, princesse des Asturies, et Sofia, l’infante. Celle qui prendra le trône après son père sera l’ainée, sauf si un garçon arrive dans la fratrie… (À quand le féminisme dans les cours d’Europe !)
Tous vivent dans un palais, à Madrid, le Zarzuela.
 C’est pour la carte postale.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons vécu notre première crise, opposant les indépendantistes catalans, au pouvoir royal. Elle faisait suite à la condamnation à des peines de prison ferme importantes, des membres du gouvernement catalan, ayant participé à l’éphémère proclamation d’indépendance de 2017.
Concomitamment, la petite princesse faisait son entrée dans le « service » royal en faisant une tournée avec ses parents, pour prononcer des discours. Elle est venue à Barcelone… la ville était bouclée et beaucoup de Catalans manifestaient.
Et c’est à ce moment-là que l’image du fossé entre une moitié de la Catalogne et le reste de l’Espagne m’est apparue si profonde. D’un côté une jeunesse qui veut vivre en république et le crie dans les rues, et de l’autre une jeune adolescente qui apprend son métier de future reine sous l’œil tendre de ses parents.

Comment réconcilier ces deux visions de la société ? Souvent je peux lire dans les médias français, que c'est une histoire de gros sous, avec les uns ne voulant pas payer pour les autres... C'est beaucoup plus compliqué que cela, et restera une cicatrice à vif, dont chaque discours, chaque manifestation, chaque image glamour, ravive la douleur. 
Le roi d'Espagne est le garant de l'unité du pays. Juan-Carlos a déjoué un coup d’état en 1981, et a transformé l'Espagne franquiste en une monarchie parlementaire pluri partisane et démocratique. Mais il a été rattrapé par des affaires de corruption qui ont terni son image et l'on poussé à abdiquer. Son fils a pour mission (avec le chef du gouvernement) de trouver un accord avec la Catalogne et le pays Basque... Est ce bien le travail d'un roi ? Ne serai ce pas plus audible s'il était le représentant élu issu du suffrage populaire, plutôt qu'un héritier, descendant de Louis XIV, avec toutes les représentations que cela implique ? 

Cela ne me regarde pas, et ce ne sont là que quelques réflexions sur la société dans laquelle je passe... Mais en tant que bonne Française avec la révolution de 89 qui coule dans ses veines, également citoyenne de la plus vieille République fédérale d’Europe, la Suisse, vous devinez vers quoi mon cœur penche…

Je vais, tout de même, faire très attention à ce que j’écris, car qui dit monarchie, dit crime de lèse-majesté, écrit à l’article 390.3 de la loi espagnole, sanctionné de 2 ans de prison. Les caricaturistes d’un journal satirique avaientété condamnés, pour ce crime, à 3600 euros de dommages et intérêt
Donc, déjà que le roi me fait payer, par sa royale décision, des impôts pour sa cassette… je reste coite !

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