Update familial


Mes trois amours à Venise
Cela fait vraiment longtemps que je n’ai pas blogué. (J’adore ces néologismes tirés des « nouvelles » technologies, et qui rentrent peu à peu dans le vocabulaire commun) Et il s’en est passé des choses ! Mes lecteurs qui sont passés du côté "amis facebookiens", le savent, mais d’autres, non. Alors voici une petite présentation des membres de la famille InPhoenix, InBarcelona.
À tout seigneur, tout honneur (oui, j’aime mélanger les néologismes informatiques et les vieux proverbes qui sont hors d’âge, mais qui, comme le whisky, sont tellement savoureux.) Le premier sera Mr InPhoenix, celui grâce à qui je déménage tous les quatre matins.
Toujours chez Whatelse, il est celui par qui le voyage arrive. Quelquefois, je me fais la réflexion, qu’ensemble, nous vivons notre vie en grand. Il aime partir et découvrir, souvent en road trip, des paysages nouveaux. Toujours enthousiaste, je me souviens, lors d’un voyage au Canada, qu’il n’hésita pas à faire un détour de 300 kilomètres pour aller visiter un musée sur les Acadiens. Nous ne l’avons pas regretté ! Force est de constater à quel point c’était inhabituel. Il faut voir les têtes de mes interlocuteurs lorsque je leur raconte l’anecdote !  En fait, il ne compte pas le nombre de kilomètres, mais le nombre d’heures de trajet. Bref, il n’a pas changé et c’est tant mieux, car c’est grâce à ce sens de l’opportunité voyageuse, qu’en plein déménagement à Barcelone, nous pûmes caser 17 jours de découverte du sud-est de l’Australie, ainsi que de la Tasmanie.
Sa philosophie : En matière de voyages, ce qui est pris n’est plus à prendre.

En parlant d’Australie, nous en venons à Canou InPhoenix. Vous vous souvenez, pour certains, des aventures de notre grand, rêvant de restaurants en haut et en bas de la montagne, pour concilier sa passion de la cuisine et son amour du ski. Certains se rappelleront aussi qu’encore très jeune, il décida de devenir cuisinier et qu’il voulait des instruments de cuisine comme cadeau d’anniversaire. Ses crèmes brûlées et ses cannelés étaient célèbres dans tout le quartier. Le retour à l’école en France fut compliqué, moins que pour son frère, mais il eut du mal à comprendre la logique des profs. Il prépara son entrée en étude de cuisine par des stages pour être conscient des pour et des contres. Les contraintes, très fortes, des métiers de la restauration étant le principal écueil, il les a toutes expérimentées. Il en est sorti plus confiant dans son choix professionnel. Hélas ! le collège ne l’entendait pas de cette oreille. Il choisissait l’apprentissage, et ses profs le considéraient comme un renégat, lui promettant de s’en mordre les doigts. Ses 4 ans ne furent pas de tout repos, et depuis que je sais, grâce à lui, ce qu’il se passe dans les cuisines de certains restaurants, même étoilés, je ne vais plus y diner. Un jour, j’en parlerais, car les comportements de certains (une minorité, mais malheureusement une partie non négligeable) restaurateurs vis-à-vis de leurs salariés et de leurs apprentis sont abjects ! Peu importe, Duncan est devenu chef ainsi qu’il le souhaitait.
Son autre grande passion, à l’instar de ses parents ce sont les voyages.  C’est ainsi que nous l’avons accompagné, un soir d’automne, à l’aéroport, destination : Sydney et la grande aventure à 19 ans. C’était un mélange de fierté, de jalousie douce, mais aussi, ne nous le cachons pas, de peur que je ressentais jusque dans les tripes. Mon tout petit, mon bébé, partait, seul, au bout de la planète, et nous ne savions pas quand nous allions le revoir. Ce jour-là, la notion de "couper le cordon", je l’ ai ressenti jusqu’aux tréfonds de ma maternité. Je ne pourrai plus le protéger, je devais le laisser se débrouiller seul, m’accrocher à la raison et faire taire mon instinct de mammifère. Nous lui avions transmis tout ce que nous pouvions, alors…  
Il a aimé cette expérience, et compris ce que c'est d'être immigré. Il a rencontré des gens de tous horizons et vécu en une année, plus que ce qu’il n’avait jamais imaginé. Il déclara vouloir venir vivre l’aventure barcelonaise avec nous, mettre un plus dans son CV, l’espagnol. Il a aussi compris qu’il lui manquait quelque chose en ne faisant « que » de la cuisine. En Australie, il a découvert que cela pouvait avoir un rôle social pour procurer du bien-être et aider à l’épanouissement. Il a entamé un diplôme d’état de diététique, par le CNED, dont j’aurai sûrement l’occasion de reparler, tant les "expat" se heurtent aux problèmes des études supérieures à distance.

Nous voilâmes donc à 4 dans cette aventure, et il n’y aurait probablement pas eu Barcelone sans notre Liam InPhoenix, le plus geek des membres de la famille.
Si le retour en France pour Duncan fût compliqué, que dire de celui de Liam ? Douloureux est le terme approprié, au sens propre comme au sens figuré. Si je me plaignais du harcèlement aux USA, ce fut bien pire au collège en France. À Phoenix, l’équipe pédagogique au complet avait pris les choses en main, et même si le fond n’était pas réglé, au moins les harceleurs étaient surveillés et canalisés. Les harcelés étaient protégés. Notre expérience en France a été extraordinaire de démission de l’équipe pédagogique et de négation absolue du phénomène par les instances dirigeantes. Le CPE et la directrice du collège ont commencé par nier les évènements. Je me disais alors que Liam exagérait. Jusqu’au moment où deux « maman » de camarades de Liam m’alpaguèrent à la sortie pour me raconter ce que leurs enfants voyaient Liam subir. Il ne mentait pas. Lorsqu’il eut des marques, des menaces telles qu’il n’osait plus aller aux toilettes, et des brimades dans le bus, les adultes, en charge de la sécurité, m'ont dit que c’était des enfantillages et que Liam était trop « gentil ». Il a tenu jusqu’en milieu de 3 me, puis a développé une phobie scolaire. Le changement d’établissement n’y faisant rien, alors, nous avons choisi de le déscolariser. Il n’y avait plus d’alternative, si nous ne voulions pas hypothéquer son avenir. Les établissements, travaillant avec des jeunes comme Liam, sont peu nombreux, avec une liste d’attente longue comme un jour sans pain, et privés. Le plus près est situé à Lyon. Une équipe pédagogique entièrement tournée vers la reconstruction personnelle et scolaire des enfants, une psychologue à demeure, qui travaille en groupe et en individuel, pour restaurer la confiance en soi, d’enfants en souffrance psychologique. Des profs formés sur ces problématiques, pouvant adapter leur pédagogie. Le tout en petits groupes, et dans une individualisation totale des parcours. Tout ceci n’est pas reproductible en collège, j’en suis consciente, mais des choses peuvent être faites, notamment, sur la formation des adultes et ne pas dire, systématiquement, que les enfants mentent.
Toujours est-il que Liam a passé deux années loin de nous, à se débrouiller dans un appartement en colocation. Il a beaucoup grandi, mûri et appris sur lui. Il a mangé beaucoup de pâtes aussi, et compris qu’un budget, ça se gère. Bref à 15 ans, il est devenu grand et a su comment passer au-dessus de toute cette angoisse qui le taraudait lorsqu’on lui parlait de rencontrer des inconnus. Autour de nous, on nous a traités de fous, d’irresponsables, de laxistes et j’en passe. Tout cela c’était dans sa tête, et il n’avait qu’à prendre sur lui. Que nous l’écoutions trop et qu’une raclée, à l’école, n’avait jamais tué personne. Eh bien si ! Chaque année, des adolescents se suicident à force de trop souffrir.
Mais Liam a survécu, et s’est reconstruit. Un weekend, il nous demanda si nous pouvions le rescolariser dans un lycée « normal » en section informatique.
J’avoue que nous ne savions pas, si cela allait être possible. Et quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur un recteur d’académie, à l’écoute, ouvert, compréhensif. C’est ainsi que Liam pût intégrer une filaire technologique en sciences du numérique. Il a décroché le bac avec mention ! J’ai résisté à l’envie d’aller agrafer la collante sur la tête de la directrice de son ancien collège, qui m’avait déclaré sentencieusement : « Madame, votre fils est inadapté et ne fera jamais d’études, vous devez l’accepter ».
Alors pourquoi Barcelone ? Parce que ce coquin de Liam y a vu l’opportunité de passer 5 ans de plus avec papa et maman, puisque son expérience de la liberté il l’avait déjà faite. Il a intégré l’EPITECH et est comme un poisson dans l’eau avec des cours en Anglais, fréquentant des étudiants venant du monde entier et toujours en petit groupe.
Ce texte est déjà très long alors je réserve les deux prochains articles pour nos bien-aimés animaux, et vous dire un peu ce que je suis devenue depuis si longtemps !

Bises de Nath qui a froid – oui oui en Catalogne !

Vous avez aimé

10 raisons de venir vivre a Phoenix

10 raisons de ne pas venir vivre a Phoenix.

Vive Noel !