Mon fils ce heros.

Ce matin la cuillere est difficile a tourner dans les cereales. Elle est lourde tellement Duncan est fatigue.

C'est le dernier matin d'ecole, d'une annee qu'il ne sera pas pret d'oublier... et nous non plus.

Naivement nous pensions que le plus dur serai la premiere annee, ou il aurait a apprendre tout de cette langue. Arrive sans parler un mot d'anglais, il avait acquis, a la vitesse des enfants, un niveau tres convenable, et il suivait n'importe quelle conversation sans problemes.
Nous etions prevenus qu'il seraient dans une classe speciale, pour non anglophones, encore un an.
Mais la crise est passee par la. La maitresse qui devait enseigner avait ete viree, et les autres redeployes. Nous aprenions le jour de la pre-rentree que Duncan sera dans une classe "normale", avec des enfants anglophones. Une classe de 27 eleves, sceindee en deux pour les cours, avec un programme tres lourd...

Haut les coeurs ! Pas de panique, tout va bien... 2 secondes... ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! (cri d'effroi de la mere paniquee envisageant les difficultes de son petit.)

1 ere semaine, et un constat : maman je ne comprends rien a ce que dit la maitresse.
2 me semaine : C'est de pire en pire et en plus les autres refusent de me parler.
4 heures de devoirs par jour, des cauchemars, un debut de refus de manger, il a du mal a dormir et refait des crises de somnambulisme.

Nous allons voir les profs. Accueil a l'americaine, je regarde ailleurs, je souris mais je n'ecoute pas. Un prof, celui de sciences sociales, prends en compte nos inquietudes. Il va essayer de prendre Duncan dans sa classe. Debut d'espoir, Duncan l'adore.
Un dimanche, appel de la directrice, le prof vient de mourir, subitement... Gros chagrin de notre fils et une constatation, la desorganisation de la classe ne va pas aider.

Nous sommes sous le palmier, je suis tres inquiete, Seb aussi (ca ne me rassure pas, c'est lui optimiste de notre duo !). Nous devons prendre une decision. L'ecole va peut-etre mettre un plan d'aide en place, mais il sera de toute facon limite, et ne sera effectif qu'apres les vacances de noel. Nous pouvons lui faire prendre des cours de soutien prive, mais cela sera t'il suffisant, et puis avec 4 heures de devoirs comment va t'il trouver la force de travailler en plus des heures d'ecole?

Nous voyons notre fils de plus en plus mal. Nous decidons de jouer la transparence. Nous avons toujours pense que nos enfants etaient des etres doues d'intelligence, et face aux grandes decisions a prendre nous les avons toujours ecoute. Nous ne leur mentons pas. Lorsque nous sommes venus aux states nous leur avons clairement explique la situation et leur avons demande leur avis. Ils ont convenus (meme s'ils etaient furieux) que c'etait la meilleure des decisions pour notre famille.
Nous appliquons la meme philosophie.

Nous le mettons en face de trois choix :

Tu fais l'annee en deux ou trois ans. Tu devras redoubler mais ca te permettra de faire les choses en douceur sans stress.
Tu fais le choix de travailler a l'ecole, mais en plus dans un cours prive. Cela t'aidera beaucoup, mais tu dois renoncer au sport.
Tu travailles autant que tu peux, sans garantie de resultat, en limitant autant que necessaire les jeux avec les copains, mais en conservant le sport.

Dans tous les cas nous renonçons aux cours de Francais. Ca attendra qu'il soit pret, disponible, et moins fatigue.

Duncan nous ecoute, nous pose des questions. Sa maturite m'impressionne. Il demande a reflechir. Entre temps le premier bulletin est arrive : catastrophique. Que des C ou des D.
Il reviens quelques jours plus tard : J'ai choisi la troisieme solution. Je vais travailler, et j'aurai des B sur le prochain bulletin, des A sur les derniers, et je passerai en 6 eme.

Commence alors la metamorhose du petit garcon feufolet en etudiant. Il bosse, tous les jours, il a souvent mal a la tete, il lit difficilement mais il tient bon.
Il etudie meme lorsque les copains et son frere jouent dehors. Sans que nous ayons besoin de le rappeler a l'ordre, sans jamais rechigner.
Les profs le remarque et font l'eloge de son serieux. Il progresse rapidement en comprehension, en lecture, ecriture, mathematiques.
Il a 5 ans a rattraper. Il ne connait ni la geo, ni l'histoire americaine. Il ne sait que dechiffrer et lit des bouquins d'enfant de 3 me grade (ce1), et doit apprendre la geometrie, le calcul rapide. Petit a petit il apprends les 51 etats avec les capitales, il comprends la naissance des etats-unis, nous parle de la guerre d'independance. Il fait de la poesie en Anglais et se met a lire des livres de plus de 100 pages.
Il passe des heures et des heures dans sa chambre a etudier.
Le second bulletin des C mais plus de D et un precieux B +.
Le troisiemme plus de C mais des B des B+ et deux A en ecriture et mathematiques.
Un on roll-certificate (il a progresse dans 4 matieres sans baisser dans aucune), et une reconnaissance officielle de son bilinguisme.

Il est en train de gagner son pari.

Mais il est triste. Il rentre de l'ecole les yeux bouffis.

Nous parlons et il m'avoue que les travaux de groupe sont difficiles. Les autres enfants ne l'ecoute pas, lui donne a faire ce qui est le plus long et le plus fastidieux. Et lorsqu'il dit stop, je ne veux pas,is se moquent de lui, lui disent de retourner dans son pays et le traite de froogy dans les bons jours et de sale etranger dans les mauvais. Il entends qu'il ne merite pas d'etre blanc.
Nous sommes effondres et j'en parle a l'ecole qui dit ne rien pouvoir faire.
Il apprends a se defendre, verbalement, on les inscrit aussi au Kung-fu, parce que son frere se fait taper et qu'on ne sait jamais...
Mais quelque chose est casse. Alors qu'il n'a que 11 ans mais il sait desormais la bassesse, la mechancete. Il a vu le visage hideux du racisme.

Il a des potes ( des enfants adorables qui le defende contre vents et marees) mais il se mefie, il ne fait pas confiance, et sais qu'a tout moment il pourra se prendre une reflexion devastatrice de la part de petits cons (des deux sexes).

A 11 ans notre fils nous a impressione. Il est devenu l'espace de cette annee scolaire, un grand, un petit bout de l'humain merveilleux que nous devinions, mais que maintenant nous decouvrons tous les jours.

Oui, mon fils est un heros...

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