Billet historique.

N'ayons pas peur des mots : oui ce billet est historique.

D'abord parce qu'aujourd'hui cela fait exactement deux ans que je suis arrivee aux Etats-unis d'amerique. En Amerique comme disait mes grand-parents, qui, je pense ne seraient pas peu fiers de moi, de nous...

Ensuite car, oui mesdames et messieurs, aujourd'hui je vais etre fiere, "proud", me la peter grave, m'auto-congratuler... En deux mots comme en 100 : Bravo moi !!!

Petit bilan.

Adaptation : reussie ! meme si des esprits chagrins me renverrons mes billets ou je deprime a fond, ou la France me manque, ou je peste, ou je dis : basta j'en ai marre ! Meme si je ne serai, je pense, jamais "chez moi" aux states, j'ai reussi a me constituer un reseau social, qui n'est pas que Francais, mais avec des gens de tous horizons, de 12 nationalites differentes, culturellement aux antipodes de ce que je connaissais en Europe. Et qui me disent : on se sent bien avec toi, tu nous ecoutes, sans nous juger, sans vouloir sans arret nous donner des conseils.
Des personnes de toue milieu socio-culturel, qui me permet d'avoir une vision nuancee de la societe de Phoenix, la ville dont personne n'est originaire, cosmopolite, ultra conservatrice, ou la plus grande misere cotoie la plus grande richesse, le tout dans un vrai melting pot. J'ai reussi mon pari de n'appartenir a aucune communaute, de toutes les traverser.

Enfants : Depuis un mois Duncan est reconnu officielement billingue en Anglais, Liam est sur le point de le devenir. Alors qu'en France, on me disait que mon fils aine etait limite debile, parce qu'il avait besoin de plus de temps que les autres, que mon fils cadet n'arriverai jamais a parler correctement, ici l'ecole les reconnait comme de brillants etudiants, polis, serviables. Si on ne sait pas qu'ils sont Francais, on les croit Americains. Alors je dis, a tous ceux depuis l'orthophoniste jusqu'a l'ecole internationale, qui me predisait que mes enfants ne parlerai jamais anglais correctement, qu'ils ne s'adapteraient jamais a une autre culture et que de ne pas vouloir s'enfermer dans un gettho a expat etait totalement irresponsable : je vous emmerde ! Je suis immensement fiere de mes deux loulous, qui ont su relever ce defi qu'ils n'ont pas choisi.

Langues et dialectes : Il y a deux ans j'alignais des mots en Anglais, en m'arretant a tout bout de champ, pour corriger mes fautes. En Espagnol, je n'arrivais pas a faire de phrases, car c'etait l'anglais qui venait. Je ne comprenais aucune des locutions bizarres, qu'on entendais. Je me souviens de ne pas comprendre pourquoi les gens a la radio etaient contents de gagner 500 box (boites), alors qu'ils gaganaient des "bucks" soit des dollars en argot.
J'etais a l'ouest lorsqu'on me parlait au telephone, et que je passais pour une debile des qu'il s'agissait de faire une simple vidange a ma voiture.
Et les diners avec mes chicas, qui parlent a toute vitesse, etant persuadees que je comprenais tout, et qui, pour les plus perverses d'entre-elles, melangait l'anglais et l'espagnol, pour former un magnifique dialecte : le spanglish.
Je revenais de chaque journee, ou soiree avec un mal de crane epouvantable, mais en me disant que j'etais sur le bon chemin. Parce que j'ai de la chance, je n'ai pas rencontre une seule personne, qui s'est moquee de moi. Pas une seule qui ne m'a pas dit : je suis admirative de tes efforts. J'ai de la chance : mes interlocuteurs ont toujours ete gentils, comprehensifs, tolerants...
Desormais je parle anglais sans efforts, avec encore quelques fautes, mais pas beaucoup plus que les autochtones. Je passe de jolies soirees a parler espagnol, je passe d'une langue a l'autre sans trop de soucis, et je ne suis pas peu fiere de m'etre entendu dire : vous etes trillingue.

La France : aie aie aie, c'est mon epine dans le pied. Parce qu'encore aujourd'hui le manque est physique. C'est bete, hein ? je sais, d'autant que j'ai pris une bonne decision, claire, et reflechie. Je ne la regrette pas. Mais il y a des moments ou j;enverrais tout ballader, ou je prendrais le premier avion. Alors apres trois ans peut-etre ?
Je sais que beaucoup trouvent cela cretin, absurde d'aimer son pays a ce point.
Donc mon point d'honneur est d'avoir su depasser mes peurs, et accepter de m'expatrier, alors que ca n'a jamais ete mon reve... et de me dire que je fais tout pour que ca marche. (vengeance personnelle contre certaines personnes me disant que ma pantouflardise etait une gene a l'epanouissement de mon conjoint, a ceux la : je vous emmerde !)

Le boulot : the last but not the least !
Vous qui me suivez depuis longtemps (en passant merci !), savez que je me debats dans cette problematique depuis pas mal de temps. Que n'ai-je entendu ? arrete de travailler, profite, fais du benevolat...
Non, non, non et non. sinon je vais devenir folle (encore plus que maintenant !), sinon je vais continuer a m'angoisser (et a 18000 $ la crise d'angoisse, j'ai pas les moyens), sinon un jour je vais le reprocher a ma famille, et ca je ne le veux pas. Je suis maitresse de ma destinee, et il est hors de question que je puisse dire a mon mec, un jour : c'est a cause de toi. (mon dieu ou va se nicher l'orgueil !)
Alors, il a fallu que je saute un grand pas. Mais le jeu en vaut la chandelle... J'ai mis deux ans moins trois jours, mais ca y est je l'ai mon boulot aux etats-unis. Ce boulot qui fera que j'aurai la liberte de ne pas etre dans des situations inextriquables, tiraillee entre le respect de la loi et mes valeurs ethiques, celui ou je ne serai pas confrontee a l'arbitraire d'une hierarchie americaine regie par aucun code du travail (oui je crois que le contrat moral est mieux respecte s'il est ecrit !). Ou je pourrais dire merde quotidiennement a mon patron : MOI !
Et oui mes chers lecteurs depuis 3 jours je suis l'heureuse et fiere proprietaire de ma propre compagnie aux Etats-unis. Une jolie LLC (dont je ne revelerai le nom et l'activite qu'en prive), avec un nom Francais (non mais), et qui me fait dire : I did it !

Voila au bout de deux ans de vie en Amerique, je me dis que je ne me suis pas plantee, que cette aventure est sur les rails... Elle m'a apporte une confiance en moi que je ne soupconais pas...
Desormais je comprends ce que disent d'autres bloggueurs, vivre a l'etranger te donne des opportunites de te sentir fier, car rien de ce que tu y fais n'y ai donne.

Mon reve d'amerique est fait de sueur, de sang, de larmes, de joies, de rencontres, de rire, de decouragement, de rebondissements, mais surtout d'encouragement...

Un dernier mot, merci a vous tous qui me suivez, vous etes mon petit coin de repos quand c'est trop lourd, mon moment de calme dans les tempetes... Toutes ces fiertes, quelque part, je vous les dois un peu, beaucoup, passionement, a la folie...

Je vous embrasse comme je vous aime - Nath

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