Femmes je vous aime !

J'emprunte ce titre de tres belle chanson, a Julien Clerc, pour vous entretenir de mes debuts dans un des champs les plus controverse du social américain.

Que mes lecteurs qui sont anti-avortement s'eloignent, et arretent de lire cet article - voire le blog ! - car je ne vais pas aller dans votre sens, qu'on se le dise.

En bonne fille des annees post 68, j'ai toujours considere que l'avortement, l'acces a la contraception, faisait partie de ma vie de citoyenne, que c'etait la, bien la, et que grosso modo, c'est partout pareil...
Oui je suis une idealiste, et je ne me sentais en effet pas feministe, le feminisme c'est un peu ringard quoi...

J'ai bien entendu des femmes me dire : Attention, rien n'est jamais acquis, les adversaires de l'avortement, s'engouffreront dans les breches des qu'ils le pourront... Mais je ne les ai pas crues.

Et puis me voila dans la plus grande democratie du monde, la premiere puissance economique mondiale, le pays qui pour des millions et des millions d'etres humains represente le pays de la liberte.
Pour tous oui, sauf pour "les salopes" qui veulent avorter ou acceder a une contraception libre.

Je suis dans le pays de la forme la plus achevee de liberte individuelle, mais ce droit la, on le refute, et meme si les femmes l'on obtenu de facon officielle - Roe Vs Wade en 1973 - les ligues anti avortement n'ont pas baisse les bras, et retrouvent a chaque debat des forces encore plus grandes. Et ou la colistiere d'un candidat republicain declare choisir la vie dans tous les cas...

Alors comme aux Etats-Unis rien n'est jamais tout blanc ou tout noir, les realites changent d'un etat a l'autre.
Je vous parlerai de l'Arizona, qui est un etat du sud, tres conservateur, religieux et ou la possession et le port d'armes sont un principe fondateur de la constitution.

Je travaille dans le sud de Phoenix, qui ne se caracterise pas par une population si pauvre que ca, plutot une middle class presque aisee, et ou horreur, enfer et Damnation, il y a un centre d'avortement.
Les medecins changent tous les jours, pour leur eviter de faire des "cibles" selon la directrice, et rares sont les personnes acceptant de venir travailler dans ce centre la. L'equipe est petite, inquiete, silencieuse et formee a repondre a l'agression.
Entre 10 et 15 coups de fils d'insultes par jour, des concerts de klaxons, des manifs le jour des avortements, des personnes qui viennent a 5 cms du visage, sans toucher, mais qui cherchent a intimider. Des patientes qui sont traumatisees, a qui l'on montre des photos - truquees bien-sur ! - de foetus sanglants abandonnes sur le sol d'une salle d'avortement...
Je me souviens de cette scene de "Juno" - excellent film vivement recommande pour la peinture tres crue de l'amerique d'aujourd'hui - ou la jeune-fille refuse 'avorter car une femme, devant le centre, lui dit que le foetus dont elle est enceinte a des ongles, et bien on en est la !

Ca ce sont les activistes, les illumines. Mais les donateurs eux-memes versent des sommes d'argent pour le suivi gynecologique, pour la contraception, mais refusent que leurs dons servent aux centres d'avortement.

L'etat d'Arizona ne verse rien aux centres, et attendent la moindre faute pour le fermer.

J'ai commence il y a 4 semaines, et tres enthousiaste, j'ai recu une douche froide car personne ne me parlais. On m'evitais, on me disait a peine ce que je devais faire, on ne m'a pas expliquer le fonctionnement du centre... J'etais deja pas en pleine forme, mais alors la, ca m'a acheve. Je ne comprenais pas...

Puis j'ai su.

J'ai ete evaluee, testee, bizutee. L'equipe devait savoir a qui elle avait a faire. Non pas par mechancete, ou malignite, mais par prudence. En effet, lors de mon entretien j'avais declare ne pas avoir de probleme a travailler dans un centre d'avortement, et ca c'est un peu suspect... J'ai appris que certaines personnes se faisaient embaucher pour noyauter le systeme de l'interieur. Alors la prudence est de mise. En plus je suis etrangere, sans veritable background aux etats-unis...

Alors je fais ce que les autres n'acceptent pas : travailler dans les salles d'avortement.

En me disant au revoir, l'autre jour, la directrice me dit a quel point elle est surprise que je crois en leur combat.

Et oui, dans mes deux pays, grace a Simone Veil, sous le septenat de VGE en France, et bien avant en Suisse, les femmes ont obtenu le droit inalienable de mettre un terme a leur grossesse.

Les 343 Salopes ont reussi...

Mais mefions-nous, les activistes ne s'avouent pas vaincu et la baisse drastique des subventions au centres de planning familiaux, va les aider grandement.

Restons vigilentes mes soeurs, pour nous, nos filles, et nos fils et notre liberte.



Ca se passe en France, en 2008...

Je vous embrasse - Xenath

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